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lundi 6 novembre 2017

L'Histoire D'Une Barrette...

Depuis notre voyage, enfin, depuis notre retour du Japon, Pompoko a une envie bien précise : se laisser pousser les cheveux afin que l'on puisse lui faire une queue de cheval ou une tresse.

Loin de moi l'idée de rester fermée quant aux demandes de mes enfants.

Si je vous dis que Kaguya n'a jamais porté de rose de sa (courte) vie, normal me direz-vous, c'est moi qui l'habille et qui choisit pour elle. (ouais, j'ai horreur du rose et du violet !)
Si je vous dis que jamais de sa vie, elle n'en portera, c'est que je pratique la dictature, n'est-ce pas?

Alors je ne vois pas pourquoi mes enfants ne choisiraient pas ce qu'ils veulent porter et comment ils souhaitent se coiffer.

C'est d'autant plus vrai pour Pompoko qui est un petit garçon qui, parfois, ne sait pas ce qu'il veut ou cherche ; mais lorsqu'il a une idée derrière la tête, il n'en démord pas ! (c'est bien le fils de sa mère pour ça !).

Sept 2017
Ainsi, lorsqu'il a été plus insistant concernant cette histoire de cheveux, nous ne nous sommes pas opposés. Au contraire, Tipiak s'est même dit qu'il se laisserait pousser les cheveux lui aussi afin de l'accompagner ! (il les a, finalement, coupé cette semaine ^^)

C'est donc en ne faisant rien que nous en sommes arrivés au moment fatidique : ce moment où les cheveux du mini ne ressemblent plus à rien, ce moment où il les a dans les yeux, ce moment où il nous est impossible de les attacher parce qu'il a les cheveux tellement court devant qu'ils ne se mettent pas derrière l'oreille mais trop long pour que cela puisse le gêner !

Pompoko, voyant sa sœur se faire coiffer chaque matin, se décide un matin et me demande une barrette.
Sur le moment, Tipiak n'est pas trop chaud, alors je reste compréhensive et en ce premier jour de demande et indique à Pompoko que c'est un processus normal lors de la pousse des cheveux, que l'on ne peut pas faire grand chose mais que bientôt on pourra les attacher.

De fil en aiguille, il me fait cette demande chaque jour et comme il est gêné, je me dis qu'outre le fait qu'une barrette ne soit pas esthétique, elle a surtout son utilité.

Nous sortons donc un samedi, Pompoko tout fier avec sa queue de cheval et ses 3 barrettes. Tout le monde le prend pour une fille, sauf les personnes qui nous connaissent un peu. La soirée se déroule plutôt bien même si la dite coiffure ne tient pas des masses. Je m'en suis un peu doutée.

Le jeudi, Pompoko demande à nouveau une barrette, il jure d'en prendre soin et de ne pas la perdre.
Ma foi, ses cheveux le gênent alors, je lui ai mis, à sa demande (répétée) un barrette pour aller à l'école. Pompoko n'est pas un enfant timide, il est observateur mais a de la répartie. Pourtant, il y a certains moments où il ne sait pas comment réagir mais à son âge, je trouve cela normal.

Octobre 2017
Très fier de sa barrette dans les cheveux (une bleu marine pour aller avec ses habits), il part tout joyeux à l'école.

Ce jour là, coïncidence ou pas, j'ai entendu une mamie qui était triste d'avoir un petit fils (à nouveau), elle aurait voulu avoir enfin (!!!!!) une petite fille pour lui acheter des barrettes et des robes (roooooses!). Ça fait cliché et c'est absolument tout ce que je déteste. J'ai eu envie de lui dire quelque chose mais, la bienséance a fait que je suis restée à ma place.

La journée se passe plutôt bien et le soir, lorsque Tipiak se lave, Pompoko nous dit que son atsem (M.) lui a dit en ricanant que les barrettes, c'est pour les filles, pas pour les garçons. Il était peiné et j'étais choquée. Selon lui, sa maîtresse avait sourit, comme pour se moquer.

Ce soir là, j'avais le cahier de correspondance, j'ai hésité 2 bonnes heures avant d'inscrire un mot dedans. Les mots que l'on emploi peuvent être blessants (j'en sais quelque chose ;)), mais lorsque l'on travaille avec des enfants, j'avoue que ce sexisme ordinaire m'a fait mal pour mon fils.

A son âge, en petite section, les enfants ne font pas réellement de différence entre ce genre de petits accessoires... C'est l'intervention d'un adulte qui normalise ou non tout cela. On pré-définit certaines choses afin que les enfants pensent que tel/le chose/jouet est destiné-e à une fille ou à un garçon.

J'étais assez étonnée aussi par ce type de comportement que je ne visualisais pas de la part de son atsem ni de sa maîtresse. L'atsem de Pompoko est très câline et très attentionnée envers chaque enfant quant à sa maîtresse, je la voyais comme celle de l'an passé : très ouverte et loin des clivages sexistes sociétaux.

J'étais en colère devant le cahier et pour tout avouer, je me suis mise à la place de la maîtresse qui pouvait recevoir un mot écrit sous le coup de la colère. J'y ai donc renoncé en pensant que cela n'ouvrirait pas le dialogue mais qu'au contraire, cela pourrait créer un fossé. 
Ce qui n'était pas le but.

Selon moi, pour faire évoluer la société à ces mentalités vieillottes, le processus est lent (car il doit finir par "entrer dans une normalité") mais surtout pas par la violence sous quelque forme qu'elle soit.

Octobre 2017
Cela a été très difficile de ne pouvoir prendre la défense de mon fils mais en même temps, je n'avais que sa version. Il ne l'a pas inventé mais surtout elle était en fonction de son ressenti.

Les émotions jouent énormément et même si on apprend à en faire la distinction avec Pompoko, il se peut aussi qu'il ait été vexé d'un petit mot de travers.

Vendredi soir, j'ai réussi à en discuter avec la maîtresse afin de ne pas laisser couler l'affaire mais surtout, afin que mon fils voit que sa parole comptait à mes yeux.

B. (sa maîtresse) m'a dit qu'elle était surprise d'entendre cela car le vendredi matin M. (son atsem) avait repris un petit garçon qui disait que le bleu c'était que pour les garçons et pas pour les filles. J'ai beau avoir pris des pincettes et vraiment tenté de dire ce que j'avais sur le cœur sans froisser personne, elle m'a avoué une semaine plus tard qu'elle avait été blessée et vexée que j'ai pu penser qu'elle se moquait d'un enfant mais aussi que l'on puisse la croire dans une telle démarche de sexisme ordinaire (vous suivez toujours?). Je lui ai répondu qu'à vrai dire je ne la voyais pas le faire mais que Pompoko m'avait dit qu'elle avait sourit. N'y étant pas, je ne pouvais pas me faire ma propre vérité, d'où l'importance de lui en parler. 

Ces discussions m'ont conforté concernant l'idée que le mot dans le cahier sur le coup de l'émotion n'était pas une bonne chose et je l'ai rassuré quant au fait que j'avais été autant dubitative qu'en colère que mon fils me dise qu'un adulte se moque de lui pour cela. 

Source de l'image ici
Concernant l'aspect du sexisme ordinaire, B. m'a vraiment souligné qu'elle ferait encore plus attention à tout cet aspect et surtout vis-à-vis de Pompoko (qui est un enfant très sensible !).

J'ai tenté de trouver des cultures où les hommes ont des barrettes ou autres choses dans les cheveux. J'avoue ne pas en avoir trouvé avec des barrettes mais il existe autant de looks différents que d'hommes (cheveux longs avec ou sans bandeau; dreadlocks incluant des bijoux ou pas etc...). 

J'aimerais que la société, et plus à notre échelle (notre entourage) ne conteste ou ne stigmatise pas les choix que les petits garçons (et les petites filles) souhaitent avoir. Nous sommes tous différents et notre apparence peut l'être aussiSi chacun faisait un pas vers la tolérance et l'ouverture d'esprit, j'avoue qu'il y aurait moins de maux dans notre société à tous niveau, hein. Que l'on soit trop gros, trop mince, trop petit, trop grand, roux (oui aussi), avec des boutons, etc... 

source de l'image ici
Sinon, pour info, la seule personne qui est un peu connue et qui porte une barrette en plus d'être un homme, ça a été Julien Doré. J'suis pas une grande fan, mais j'aime le suivre sur Tweeter, c'est un homme sensé qui a une certaine répartie.

Je le remercie d'avoir osé la barrette dans les cheveux, ça m'a permis de dire qu'il n'y avait pas que mon fils qui le faisait (même si, on s'entend bien, ce n'est pas "la norme").

Tout ça pour conclure, Pompoko porte une barrette (parfois plusieurs), dès qu'il a les cheveux attachés, c'est certain, il est prit pour une fille malgré le fait qu'il soit habillé vraiment comme un garçon (chemise + jean slim).
Je pense qu'il se plait dans ce look androgyne... Je pense qu'il a la chance de pouvoir être qui il veut, sans que l'on ne l'oblige à quoi que ce soit concernant son apparence. Je redoute le jour où il voudra se faire couper les cheveux, les cheveux (mi)long lui vont tellement et sa couleur, j'en suis fan !

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Je voulais faire un petit encadrement d'images comme celui de Maman Rodarde mais je n'ai pas le temps... Peut-être qu'un jour, je le prendrais afin que d'autres enfants puissent en bénéficier mais surtout afin d'alimenter à ma façon ce qu'elle a fait (qui est un superbe outil !!).

En attendant, tous les enfants sont dans leurs propres normes, le plus important reste de savoir les écouter, savoir rester ouvert d'esprit et ne pas oublier qu'un enfant ne nous appartient pas, qu'il s'appartient à lui-même... que ses désirs ne sont pas forcément les mêmes que les nôtres et que nous devons les respecter.

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2 commentaires:

  1. Pourquoi ne pas imprimer les images de maman Rodarde ? Elles sont là pour ça non ? :)

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    1. Je les ai imprimé, c'est juste faire une illu semblable avec des hommes qui ont des cheveux longs et des coiffures un peu marginales dont je n'ai pas le temps.... Pourtant, je devrais le faire, ça pourrait aider d'autres enfants (y compris le miens :P)

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