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mercredi 30 mars 2016

Accoucher sans péri : ce que j'aurais aimé savoir.

Je ne suis pas la bible en la matière et je pense que c'est juste un témoignage de plus que vous trouverez...  Mais voici ce que j'aurais aimé qu'on me dise :

  •  Accoucher sans péri ? Tu vas voir c'est merveilleux !
A la place, j'ai eu des "t'es malade ? Tu vas douiller !"
Remarque que j'ai encore maintenant... 

Non, les femmes qui font ce choix ne sont pas folles ! Je pense surtout qu'il faut se blinder. Tant en ce qui concerne l'entourage qui juge avec son propre vécu (donc avec son ressenti et seuil de tolérance à la douleur), que ce que dicte la société mais surtout ce que l'on ressent.

Il y a tellement de cas de figure par exemple, si la poche des eaux est complètement rompue ou non. Il y a une réelle différence, a priori, en terme de sensations et de gestion de la douleur.

Quand je dis que j'ai accouché sans péri, on me regarde avec des yeux ronds du genre  :
"mais, sérieux?? t'as pas eu de chance, le bébé est arrivé trop vite quoi ! 
- euh, non, c'était un choix. 
- mais t'es tarée?". 

On résume les femmes qui ont cette volonté à un "'tin, elle est ouf, elle a voulu souffrir alors qu'on peut lui éviter ça !". 

Revenons en arrière. Tout d'abord, tout le monde ne souffre pas et dans un temps pas si ancien, elles faisaient comment les femmes sans la péri? Ça ne les a pas empêcher de refaire des enfants par la suite, d'ailleurs.

Sniffage intensif de Kaguya... mmmh !
Il y a aussi le fait de se préparer. Pour la grossesse de Pompoko comme pour celle de Kaguya, je me suis (auto)blindée. Dans ma tête c'était : "Mélodie, tu vas sans doute souffrir un temps mais... n'est-ce pas un symbole qui marquera la fin de quelque chose et le commencement d'un autre?". Et ma version version la plus dure "il est rentré ce bébé, va bien falloir qu'il sorte !" J'étais blindée dans ma tête, je voulais connaître cette sensation ou cette "souffrance" comme d'autres l'appellent : "le mal joli". 

Finalement, quand on choisit, on ne subit pas. De fait, je n'ai pas eu mal. J'ai eu de l'inconfort, j'ai senti pleins de choses mais mal, non. Je pensais que j'aurais plus mal que ça.
(par contre, j'vous parle pas de la déchirure recousue à vif car aucune anesthésie ne faisait effet... là, j'ai eu mal). 

En revanche, je comprends parfaitement qu'il y ait des femmes qui ne souhaitent pas connaître cela ou qui ont un seuil de tolérance à la douleur différent du miens. Je ne juge pas chacune maîtrise ses choix et ses envies. Pour moi, l'important reste de bien vivre ce jour sans le subir. Ainsi, il faut se préparer à absolument tout : à l'idéal (sans trop le vouloir) comme au pire (en le gardant bien dans sa tête... pour moi c'était la césa... mon dieu que j'en avais peur !). En gros, vaut mieux viser les étoiles pour tomber dans la Lune si jamais l'objectif est trop difficile à atteindre. 


  • J'aurais aimé que l'on m'explique les différentes phases qui peuvent se produire  pendant un accouchement sans péri :
  1. La joie d'apprendre que ce que tu vis c'est bien des contractions de travail. (à la limite, je n'ai pas besoin d'explications pour ça, j'étais déjà heureuse de l'apprendre... d'apprendre que je ne rêvais pas). 
  2. Le fait de ressentir que certaines positions sont réellement très inconfortables et que c'est celles-ci qui font mal ! Même debout quand tu marches... Pour mes 2 grossesses j'ai marché assez longtemps mais j'ai su dire "stop maintenant jveux plus marcher" au bon moment. (même si marcher ça accélère bien le travail et la descente du bébé y paraît). Il est important de s'écouter au maximum ce jour là... D'écouter les signaux que notre corps envoi. Je crois que c'est la façon la plus simple d'être calme et zen. (parce que oui, ça aide d'être calme et zen pendant son accouchement... mais bon, c'est une autre histoire !)
  3. Savoir avant que l'on pouvait vomir en accouchant (ce n'est pas mon cas car... Ce soir là avec Tipiak on a fait un repas de pauvre...  J'avais tellement la flemme de faire à manger que Pompoko a mangé des restes et nous des nouilles instantanées !). Je dis ça car des fois on mangeait raclette et que j'étais pleine de pomme de terre et de fromage (au sens propre et alors que je ne mangeais que la moitié des quantités habituelles).
  4. Que l'on m'informe que j'allais, sans doute, vouloir baisser les bras que c'est tout à fait normal car c'est un sacré combat mental. Personnellement, je voulais baisser les bras car j'avais envie de...  Dormir (pas à cause de la douleur donc). Et, même si on est toutes différentes, j'aurais aimé savoir que mon corps allait se préparer à être pleinement dans cette course qu'est la naissance en secrétant une hormone similaire à celle du sommeil.
  5. Que tout peut se passer bien plus vite que ce qui était prévu... qu'en 5-10-15 minutes, tu peux avoir ton bébé dans les bras parce qu'il en a décidé ainsi; que 5-10-15 minutes auparavant t'es "au fond du gouffre" et qu'après t'as une patate d'enfer telle une personne qui fait un run de 500m.
Je ne peux que vous conseiller de faire de l'haptonomie et de la sophrologie. Tout cela m'a bien préparé et m'a beaucoup aidé. Tant sur le fait de savoir la position qui était la plus adaptée pour moi (pendant la grossesse déjà on peut s'en faire une idée) que sur le fait d'apprendre à respirer en s'isolant dans une bulle mais surtout ces deux approches m'ont permis d'apprendre ce qu'il se passait mécaniquement dans mon corps. Grâce à cela j'ai su qu'effectivement des positions étaient mieux que d'autres car je ne bloquais pas mon bébé dans son chemin.
En hapto, le docteur nous a vraiment montré des choses qui ont aidé le bébé dans sa sortie. Concernant la sophro, je crois que cela m'a rassuré durant la grossesse au cas où j'accouche seule... ce qui est donc arrivé au final. 

Et enfin, si vous souhaitez réellement accoucher sans péri et que vous y êtes le Jour J :  pensez à quelque chose qui vous évade. Mettez de la musique et lâchez priseaccompagnez les contractions en trouvant votre meilleure position.
Si je vous dis que parfois, je ne sentais pas les contractions car j'étais revenue dans le musée Ghibli, qu'en écoutant des airs de musique j'étais vraiment détendue et que la musique m'aidait vraiment dans la gestion des contractions, vous me croyez?
J'ai aussi repensé à des souvenirs joyeux en entendant la musique du château ambulant (Merry-Go-Round of Life) nous avons une vidéo où je danse avec Pompoko, en tournant comme si on valsait, il éclate de rire... il avait 8 mois. C'est Tipiak qui nous a pris car il trouvait l'instant magique et beau... et ça l'était quand je revois la vidéo aujourd'hui. 

Durant toute cette piste, je n'ai senti aucune contraction, alors que sur le monito, elles étaient dans les plus fortes/violentes et rapprochées.

Ce petit souvenir pour vous dire que si on lâche prise, cela fonctionne. Que si on est prêt mentalement, on peut y arriver et qu'il est absolument possible de passer par beaucoup de stades différents. Pour tout vous dire, j'ai même pensé être folle et prétentieuse d'accoucher seule et sans péri... l'espace d'une minute. J'ai pleuré en le disant à la sage-femme qui nous a accueilli aux urgences. 

J'ai douté, j'ai redouté, j'ai angoissé, j'étais fatiguée (oui, à 3h45 du matin quand t'as pas beaucoup dormi les 36 dernières heures, ça se  comprend), j'ai été heureuse, j'ai été déçue, j'avais soif, j'ai eu peur, je me suis sentie seule, il m'est arrivé de me sentir en osmose avec mon bébé, de dompter les contractions, de remonter la pente pour finalement la redescendre et puis, de me résigner. 

A ce moment, quand j'étais au plus profond, ma fille m'a dit "eh oh, t'es prête? Parce que c'est pour maintenant !"

Et toutes ces étapes par lesquels je suis passée ont été balayé quand Kaguya était là, quand je me suis rendue compte que "je l'avais fait" que "j'avais réussi". 

J'ai pleuré de joie et ne réalisais pas. 
Ça peut paraître bête mais ça m'a sonné bien 10 minutes car j'ai répété ces deux phrases comme pour me convaincre. Je questionnais les sage-femmes "vous êtes sûres, je l'ai fait? J'ai accouché sans péri? C'est mon bébé? J'ai réussi?".

Alors, un accouchement sans péri, ça peut être un défis (pour moi, ça l'était), ça peut être naturel, mais c'est surtout une étape où on se retrouve seule face à soi-même et à son ressenti. On ne peut pas partager ce que l'on ressent et ce qu'éprouve notre corps... Il suffit de se faire suffisamment confiance pour y arriver. 

Tipiak m'a dit qu'il était fier de moi, au final, s'il avait été là, je crois que l'on aurait eu une autre histoire... et j'espère qu'il aurait été encore plus fier. Dommage, on ne pourra jamais revivre un autre accouchement naturel; c'est aussi pour cela que je suis fière d'avoir tenue le cap : j'ai pu aller au bout du bout, voir, sentir, éprouver tout ce qu'il se passait ! 


Et le corps humain est tellement bien fait au final...

6 commentaires:

  1. C'est marrant, la première chose qui me vient à l'esprit c'est la phrase de mon gyneco lorsqu'il m'a trouvée à 4 pattes par terre : "ne bougez pas, la nature est bien faite, si vous avez envie d'être dans une position c'est que c'est la bonne !". Et pourtant, enceinte je n'avais jamais vu cette position comme confortable ! :-D
    Je crois que l'important c'est de s'écouter et de se faire confiance (et de savoir que juste avant la dernière ligne droite il y a ce qu'on appelle la phase de désespérance, le fameux "je vais pas y arriver") . Et puis, si c'était si terrible, l'espèce humaine se serait éteinte depuis longtemps !!!

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    1. Oui... De mon côté la SF m'a dit que je ne pouvais pas rester sous la douche pour accoucher.. Dommage car au final, c'est effectivement cette position qui m'allait le plus... qui sait y'aurait ptêtre pas eu de déchirure si j'étais restée comme j'étais... ma foi, ce n'est pas grave ehin.

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  2. Ça me rappelle le travail pour Maped... Je voulais être assise en tailleur, la SF (ou l'AP ?) voulait absolument que je me couche sur le coté gauche !!!
    Bon après c'est peut-être aussi parce qu'elle voulait que les contractions s'arrêtent, pas que le bébé descende...
    Mais il n'empêche que j'avais moins mal en tailleur ! J'aurais bien voulu accoucher en tailleur plutôt que sur le dos... Mais faut avouer que c'est pas pratique lol !
    On verra pour Max :)

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    1. J'aurais préféré accoucher à 4 pattes mais.... De côté ça a été aussi... Disons que ça aurait sans doute évité une grosse déchirure même si... Elle est arrivée tellement vite que j'en aurais quand même eu une je pense !

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  3. Tu me transportes et me redonnes foi en l'être humain !!! Nous nous éloignons tellement de ce que la Nature a prévu pour nous, alors oui il faut vivre avec son temps et ses fameux progrès mais parfois faire confiance à la Nature et à notre propre corps ne peut être que bénéfique..
    Tu ne fais que confirmer mes envies d'accouchement physio et sans péri...

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    1. Alors.... J'en suis ravie ! Espérons que ton projet se réalise aussi.

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